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ploient aux dissertations précieuses et vides sur l’amour allégorisé, en dehors de toute vie. Seul, va apparaître Villon, — sa poésie personnelle et humaine qui sort de la sensation et de l’expérience de la vie, d’un homme qui dit ingénûment toute sa sensibilité. Et ainsi, il n’appartient pas à son temps, il est dans l’avenir, il apporte le sens de la Poésie égotiste, telle encore, on l’a répété souvent et véridiquement, qu’elle se retrouvera en toute intensité délicate, douloureuse et se donnant toute, en Paul Verlaine… Mais Villon appartient au xve siècle, temps, d’ailleurs, où s’accentue et se précipite la décadence poétique : c’est alors, en mépris total de l’Idée, le règne de la recherche de la « Forme » (indice certain d’épuisement qui suit toutes époques de création), et ce sont les « poètes rhétoriqueurs ». Jeux de rimes et de mots, aggravation des subtiles niaiseries, simples ou redoublées : rimes, annexées, rétrogrades, sénées, empérières, équivoques…

Mais, en les dernières années du xve siècle, la France va tenir de l’Italie une révélation émerveillante : par elle, ce sont tous les Latins, qu’elle pos-