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sédait, et les Grecs qu’elle venait de retrouver, Homère, Sophocle, Platon, et c’est la Vie et la Nature qui renaissent… Voici, avec Ronsard et les poètes de la Pléiade, la Renaissance de la poésie. Avec eux, la Poésie se nécessite un art savant, qui n’a souci d’un public ignorant. Ronsard demande pour le poète nouveau l’érudition, l’étude, le travail, l’art. Mais travailler et savoir ne sont point tout : c’est là préparation et matière, et il sied avoir le don, le génie poétique. Le poète doit être « sacré dès sa naissance » et appelé à la seule poésie. Nous n’avons point à étudier cette rénovante époque, mais, — en rappelant que Ronsard a rendu à la poésie le Vers alexandrin, nécessaire et multiple instrument de la grande inspiration, et tout en notant que les théoriciens de cette savante et orgueilleuse École ne se préoccupèrent, sous l’emprise Hellénique surtout, que de la rénovation métrique et musicale, et généralement technique, du Vers : il sied de voir l’intelligence hardie et nécessaire à l’évolution poétique, de Ronsard et Du Bellay.

Tout premièrement, c’est la langue en elle-même