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qu’ils durent travailler, assouplir, pourvoir de vocables et de modes nouveaux, et ce, méthodiquement ils le poursuivent selon les lois mêmes d’évolution spontanée du langage. D’un sens très-artiste ils éprouvent la valeur musicale du Verbe, la valeur des sons en leur essence phonétique. Avec délicatesse et une intuition neuve et nouvellement apercevante, ils travaillèrent la métrique, déterminant vraiment les premières puissances du Rythme.

Si la Pléiade n’a pas trouvé un thème d’inspiration nouveau, car sa poésie dépend du sentiment d’où nous avons vu Villon tirer de premiers et émouvants accents égotistes, — si la Poésie de la Pléiade demeure d’inspiration égotiste, elle est l’initiatrice surprenante de la technique poétique moderne ! Banville et Verlaine, prosodiquement, se rattachent à elle, presque immédiatement… Et, si nous insistons sur l’attention que Ronsard porte à la sonorité, sur ses remarques heureuses sur les sons, l’on peut même dire de ma propre technique, « l’Instrumentation verbale », qu’elle s’avère en contact avec quelques-unes de ses intuitions. Et