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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

dans le siècle suivant, lorsque les flottes des Goths couvrirent le Pont-Euxin, et pénétrèrent sans obstacle, par le canal du Bosphore, jusque dans le centre de la Méditerranée.

Mort de Niger et d’Albinus. Suites cruelles des guerres civiles.

Albinus et Niger éprouvèrent le même sort : vaincus tous les deux, ils furent pris dans leur fuite et condamnés à perdre la vie. Leur mort n’excita ni surprise ni compassion : ils avaient risqué leurs personnes contre le hasard d’un empire ; ils subirent le sort qu’ils auraient fait subir à leur rival ; et Sévère ne prétendait point à cette supériorité arrogante qui permet à un rival de vivre dans une condition privée. Son caractère inexorable le portait à la vengeance : mais l’avarice le rendit encore plus cruel, même lorsqu’il n’eut plus rien à redouter. Les plus riches habitans des provinces, qui, sans aucune aversion pour l’heureux candidat, avaient obéi au gouverneur que la fortune leur avait donné, furent punis par la mort, par l’exil et par la confiscation de leurs biens. Sévère, après avoir dépouillé la plupart des villes de l’Asie de leurs anciennes dignités, en exigea quatre

    et ses priviléges, dépouilla ses habitans de leurs biens, rasa les fortifications, et soumit la ville à la juridiction de Périnthe. Ainsi, quand Spartien, Suidas, Cedrenus, disent que Sévère et son fils Antonin rendirent dans la suite à Byzance ses droits, ses franchises, y firent construire des temples, etc., cela se concilie sans peine avec le récit de Dion. Peut-être même ce dernier en parlait-il dans les fragmens de son histoire qui ont été perdus. Quant à Hérodien, ses expressions sont évidemment exagérées ; et il a commis tant d’inexactitudes dans l’histoire de Sévère, qu’on est en droit d’en supposer une dans ce passage. (Note de l’Éditeur.)