Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Avénement d’Alexandre Sévère.

Les prétoriens mirent ensuite Alexandre sur le trône. Ce prince tenait au même degré que son prédécesseur à la famille de Sévère, dont il prit le nom[1]. Ses vertus et les dangers qu’il avait courus, l’avaient déjà rendu cher aux Romains. Le sénat, dans les premiers mouvemens de son zèle, lui conféra, en un seul jour, tous les titres et tous les pouvoirs de la dignité impériale[2]. Mais comme Alexandre, âgé seulement de dix-sept ans, joignait à une grande modestie une piété vraiment filiale, les rênes du gouvernement se trouvèrent entre les mains de deux femmes, Mammée, sa mère, et Mœsa, son aïeule. Celle-ci mourut bientôt après l’avènement d’Alexandre, et Mammée resta seule chargée de l’éducation de son fils et de l’administration de l’empire.

Pouvoir de sa mère Mammée.

Dans tous les siècles et dans toutes les contrées, le plus sage, ou du moins le plus fort des deux sexes, s’est emparé de la puissance suprême, tandis que les soins et les plaisirs de la vie privée ont toujours été le partage de l’autre. Dans les monarchies héréditaires cependant, et surtout dans celles de l’Europe moderne, les lois de la succession et l’esprit de chevalerie nous ont

  1. Lampride dit que les soldats le lui donnèrent dans la suite, à cause de sa sévérité dans la discipline militaire. Lampr., in Alex.-Sev., c. 12 et 25. (Note de l’Éditeur.)
  2. Hist. Aug., p. 114. En se conduisant avec une précipitation si peu ordinaire, le sénat avait intention de détruire les espérances des prétendans, et de prévenir les factions des armées.