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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/161

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énorme poutre, et la tour devint en un moment la proie du feu grégeois.

Armée et marche de l’empereur Alexis. Avril-septembre.

Tandis que les Turcs fondaient sur l’empire romain du côté de l’orient, et l’armée de Guiscard du côté de l’occident, le vieux successeur de Michel remettait le sceptre aux mains d’Alexis, illustre général et fondateur de la dynastie de Comnène. La princesse Anne, qui a écrit l’histoire d’Alexis son père, observe, dans son style affecté, qu’Hercule lui-même n’aurait pu suffire à un double combat ; et sur ce principe, elle approuve la paix précipitée que son père conclut avec les Turcs, et qui lui permit d’aller lui-même au secours de Durazzo, Alexis trouva le camp vide de soldats et le trésor vide d’argent ; mais telles furent la vigueur et l’activité de ses mesures, qu’en six mois il rassembla une armée de soixante-dix mille hommes[1], et fit une marche de cinq cents milles. Il leva ses troupes en Europe et en Asie, depuis le Péloponnèse jusqu’à la mer

  1. Muratori (Annali d’Italia, t. IX, p. 136-137) observe que quelques auteurs (Pierre, diacre, Chron. Casin., l. III, t. 49) font monter l’armée des Grecs à cent soixante-dix mille hommes ; mais qu’on peut en ôter cent, et que Malaterra en indique seulement soixante-dix mille ; légère inattention ! Le passage auquel il fait allusion se trouve dans la Chronique de Lupus Protospata (Script. ital., t. V, p. 45). Malaterra (l. IV, c. 27) parle en termes élevés, mais vagues, de la marche de l’empereur : Cum copiis innumerabilibus, et le poète Apulien (l. IV, p. 272) :

    More locustarum montes et plana teguntur.