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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/162

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Noire ; la pompe de son rang se déployait dans la magnificence de sa garde composée de cavaliers couverts d’armes d’argent et richement équipés ; il marchait entouré d’un nombreux cortége de nobles et de princes, dont plusieurs (preuve de la douceur des mœurs du temps), un moment revêtus de la pourpre dans les révolutions du palais, vivaient riches et revêtus de charges considérables. Jeunes et ardens, ils devaient animer la multitude par leur exemple ; mais leur goût pour le plaisir, et leur mépris pour la subordination, étaient une source de désordres et de maux : ils voulaient qu’on les menât tout de suite au combat, et leurs clameurs importunes déconcertèrent la prudence d’Alexis, qui aurait pu environner et affamer l’armée des assiégeans. L’énumération des provinces établit une triste comparaison entre les anciennes limites de l’empire et celles qu’il avait alors. Les nouveaux soldats avaient été levés à la hâte et dans la terreur ; l’on n’avait pu emmener les garnisons de l’Anatolie ou Asie Mineure, qu’en livrant aux Turcs les villes qu’elles défendaient. La force de l’armée grecque était dans les Varangiens, les gardes Scandinaves, dont le nombre s’était accru depuis peu d’une troupe d’exilés et de volontaires de l’île de Thulé ou de la Grande-Bretagne. Les Danois et les Anglais gémissaient ensemble sous le joug des Normands ; de jeunes aventuriers résolurent d’abandonner une terre d’esclavage ; la mer leur offrait un moyen de se sauver, et dans leur long voyage ils parcoururent