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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/399

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fut au-delà du Bosphore, le monarque français refusa de se prêter à une seconde entrevue, à moins que son frère l’empereur ne consentît à conférer avec lui comme avec son égal, soit sur mer, soit sur terre. Avec Conrad et Frédéric, le cérémonial éprouva encore plus de difficultés. Ils prétendaient être les empereurs de Rome et les successeurs de Constantin[1], et soutenaient avec hauteur la pureté de leur titre et de leur dignité. Le premier de ces représentans de Charlemagne ne voulut converser avec Manuel qu’à cheval au milieu de la plaine ; le second, en traversant l’Hellespont au lieu du Bosphore, évita de passer à Constantinople et d’en voir le souverain. Le prince grec ne donnait dans ses lettres à un empereur couronné à Rome que le titre de rex ou de prince des allemands ; le faible et vain Isaac Lange affectait d’ignorer le nom d’un des plus grands hommes et des plus grands monarques de son siècle. Tandis que les empereurs grecs ne voyaient dans les croisés que des objets de haine et d’inquiétude, ils entretenaient une correspondance secrète

    mot Σελλιον. Ducange fait tout son possible pour sauver cette circonstance humiliante pour son souverain et pour son pays (sur Joinville, Dissert. 27, p. 317-320). Louis insista depuis sur une entrevue, in mari ex æquo, et non pas ex equo, selon la ridicule version de quelques manuscrits.

  1. Ego Romanorum imperator sum, ille Romaniorum (Anonym. Canis., p. 512). Le style public et historique des Grecs était Ρηξ ou princeps ; cependant Cinnamus avoue que Ιμϖερατορ est le synonyme de Βασιλενς.