Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec les Turcs et les Sarrasins. Isaac Lange se plaignit de ce que son amitié pour le grand Saladin l’avait brouillé avec les Francs, et il fonda une mosquée à Constantinople pour l’exercice public de la religion mahométane[1].

Guerre des Turcs.

III. Les nombreux essaims de pèlerins qui passèrent le Rhin à la suite de la première croisade, furent détruits dans l’Anatolie par la peste, la famine et les armes des Turcs ; les princes s’échappèrent avec quelques escadrons pour accomplir leur lamentable pèlerinage. On peut juger de leurs lumières par le dessein qu’ils avaient conçu de soumettre, chemin faisant, la Perse et le Khorasan, et de leur humanité par le massacre des habitans d’une ville chrétienne qui venaient au-devant d’eux, des palmes et des croix à la main. L’expédition de Conrad et de Louis fut moins cruelle et moins imprudente. Mais l’événement de la seconde croisade fut encore plus ruineux pour la chrétienté que ce qui l’avait précédé ; et Manuel est accusé, par ses propres sujets, d’avoir trahi les princes latins en instruisant le sultan de toutes leurs démarches, et en leur donnant des guides infidèles. Au lieu d’attaquer au même instant l’ennemi commun de deux côtés différens, l’émulation hâta le départ des Allemands, et le soupçon retarda celui des Français. Louis venait de passer

  1. Voyez dans les Épîtres d’Innocent III (13, p. 184) et dans l’Histoire de Bohadin (p. 129, 130), l’opinion d’un pape et d’un cadi sur cette singulière marque de tolérance.