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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/52

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des Turcs alors païens ; mais Siméon, après avoir perdu une bataille contre eux, répara ce malheur dans une seconde affaire, et remporta la victoire à une époque où l’on regardait comme un bonheur d’échapper aux coups de cette formidable nation. Il vainquit, réduisit en captivité, dispersa la tribu des Serviens ; et ceux qui parcoururent le territoire de cette nation avant qu’on l’eût repeuplé, n’y purent découvrir que cinquante vagabonds sans femmes ni enfans, et qui tiraient de la chasse une subsistance précaire. Les Grecs essuyèrent une défaite sur les rives de l’Achéloüs, si célèbres dans les auteurs classiques[1] ; la corne du dieu fut brisée par la vigueur de l’Hercule barbare. Siméon forma le siége de Constantinople, et, dans une conférence avec l’empereur, lui dicta les conditions de la paix. Ils ne se rencontrèrent qu’avec toutes les précautions de la méfiance ; la galère royale fut amarrée à une plateforme bien fortifiée qu’on avait élevée pour cette occasion, et le Barbare se piqua d’égaler en pompe la majesté de la pourpre. « Êtes-vous chrétien ? lui dit humblement Romanus, vous devez vous abstenir du sang de vos frères. Est-ce la soif des richesses qui vous a fait renoncer aux biens de la paix ? Re-

  1. — Rigidum fera dextera cornu
    Dum tenet infregit, truncâque à fronte revellit.


    Ovide (Métamorph., IX, 1-100) a peint hardiment le combat des naturels du pays et des étrangers sous la figure du dieu du fleuve et du héros.