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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/56

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grois, celui qu’ils se donnaient à eux-mêmes, et sous lequel ils étaient connus en Orient. Les Grecs les distinguaient des autres tribus de la Scythie, par le nom particulier de Turcs, comme étant issus de cette nation imposante, qui avait conquis et gouverné tous les pays situés entre la Chine et le Volga. La peuplade fixée dans la Pannonie avait des rapports de commerce et d’amitié avec les Turcs établis à l’orient sur les frontières de la Perse ; on comptait trois siècles et demi depuis son émigration, lorsque les missionnaires du roi de Hongrie découvrirent près des bords du Volga, et reconnurent la patrie de leurs ancêtres. Ils furent accueillis par des sauvages idolâtres qui portaient encore le nom de Hongrois, conversèrent avec eux dans leur langue, se rappelèrent une tradition qui leur était restée du départ d’un certain nombre de leurs compatriotes depuis long-temps perdus pour eux, et entendirent avec étonnement la merveilleuse histoire de leur nouveau royaume et de leur nouvelle religion. Les liens du sang donnèrent une nouvelle ardeur au zèle du prosélytisme. Un des plus grands princes qu’ait eus la peuplade établie en Europe, forma le dessein généreux, mais inutile, de transplanter dans les déserts de la Pannonie cette horde hongroise de la Tartarie[1]. Ils furent chassés de ce berceau de leur race, et

  1. Pray (Dissert., p. 37-39) rapporte et éclaircit les passages originaux des missionnaires hongrois, Bonfinius et Æneas Sylvius.