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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/57

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poussés vers l’occident par la guerre ou la fantaisie de quelques hordes, par le poids des tribus plus éloignées, qui, venues du fond de l’Asie, s’emparaient dans leur fuite des pays qui se rencontraient sur leur chemin. La raison ou la fortune dirigea leur course vers les frontières de l’empire romain ; ils s’arrêtèrent comme de coutume sur les bords des grandes rivières, et on a découvert sur le territoire de Moscou, de Kiow et de la Moldavie, des vestiges de leur séjour momentané[1]. Dans ces longs et différens voyages, ils n’échappèrent pas toujours à la domination du plus fort ; le mélange d’une race étrangère améliora ou corrompit la pureté de leur sang ; plusieurs tribus des Chazares s’associèrent de force ou volontairement à leurs anciens vassaux ; elles introduisirent parmi eux l’usage d’un second idiome, et la réputation de leur valeur leur obtint, dans l’ordre de bataille, le poste le plus honorable. Les troupes des Turcs et de leurs alliés formaient sept divisions militaires d’égale force ; chaque division comptait trente mille huit cent cinquante-sept guerriers ; et en calculant le nombre des femmes, des enfans et des serviteurs, d’après la proportion ordinaire, on trouvera au moins un million d’émigrans. Sept waywodes ou chefs héréditaires dirigeaient les affaires publiques ; mais leurs discordes

  1. On voit dans les déserts au sud-ouest d’Astrakan, les ruines d’une ville nommée Madchar, qui atteste le séjour des Hongrois ou Magyar dans ces lieux. (Précis de la Géog. univ., par M. Maltebrun, t. I, p. 353). (Note de l’Éd.)