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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/252

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À sa sollicitation, l’impératrice mère consentit à employer sa médiation, et fit un voyage à Thessalonique, d’où elle revint sans succès ; mais à moins que l’adversité n’eût produit chez Anne de Savoie une grande métamorphose, on peut douter du zèle et même de la sincérité qu’elle mit dans cette démarche. Tout en retenant le sceptre d’une main ferme et vigoureuse, le régent avait chargé Anne de représenter à son fils que les dix années de l’administration de son beau-père allaient bientôt expirer, et que ce prince, après avoir essayé des vains honneurs de ce monde, ne soupirait que pour le repos du cloître et ne désirait que la couronne du ciel. Si ces sentimens eussent été sincères, il pouvait en abdiquant rendre la paix à l’empire, et tranquilliser sa propre conscience par un acte de justice. [Jean Paléologue prend les armes contre Cantacuzène. A. D. 1353.]Paléologue était à l’avenir seul responsable de son gouvernement ; et quels que fussent ses vices, on ne pouvait pas en craindre des suites plus funestes que les calamités d’une guerre civile, dans laquelle les deux partis se servirent encore des Barbares et des infidèles pour consommer réciproquement leur propre destruction. Le secours des Turcs qui s’établirent alors en Europe d’une manière définitive, fit encore triompher Cantacuzène dans cette troisième querelle ; et Paléologue, battu sur mer et sur terre, fut contraint de chercher un asile parmi les Latins de l’île de Ténédos. Son insolence et son obstination engagèrent le vainqueur dans une démarche qui devait rendre la querelle irréconciliable. Il revêtit son fils Matthieu