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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/253

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de la pourpre, l’associa à l’empire, et établit ainsi la succession dans la famille des Cantacuzène ; mais Constantinople était encore attachée au sang de ses anciens maîtres, et cette dernière injure accéléra le retour de l’héritier légitime. Un noble Génois entreprit de rétablir Paléologue, obtint la promesse d’épouser sa sœur, et termina la révolution avec deux galères et deux mille cinq cents auxiliaires. Sous le prétexte de détresse, ces galères furent admises dans le petit port ; on ouvrit une porte, les soldats latins s’écrièrent tous ensemble : « Victoire et longue vie à l’empereur Jean Paléologue ! » et les habitans répondirent à leurs acclamations par un soulèvement en sa faveur. Il restait encore à Cantacuzène un parti nombreux et fidèle ; mais ce prince affirme dans son histoire (espère-t-il qu’on le croie ?) que sûr d’obtenir la victoire, il en fit le sacrifice à la délicatesse de sa conscience, et que ce fut volontairement pour obéir à la voix de la religion et de la philosophie, qu’il descendit du trône pour s’enfermer avec joie dans la solitude d’un monastère[1]. [Abdication de Cantacuzène, au mois de janvier A. D. 1355.]Dès qu’il eut renoncé à l’empire, son successeur le laissa paisiblement de la réputation de sainteté : il dévoua les restes de sa vie à l’étude et aux exercices de la piété monastique. Soit à Constantinople, ou dans le

  1. On peut suppléer à l’apologie ridicule de Cantacuzène, qui raconte (l. IV, c. 39-42) sa propre chute avec une confusion visible, par la relation moins complète, mais plus sincère, de Matthieu Villani (l. IV, c. 46, in Script. rerum ital., t. XIV, p. 268) et par celle de Ducas (c. 10, 11).