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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/301

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tèrent les Arabes et les Persans pour leurs frères, et renoncèrent à toute communication avec les Mongouls ou les idolâtres de la Chine.

Danger de Constantinople et de l’empire grec. A. D. 1240-1304.

On peut s’étonner que dans le bouleversement général, l’empire romain, démembré par les Grecs et les Latins, ait échappé à l’invasion des Mongouls. Moins puissans qu’Alexandre, les Grecs se trouvaient, comme lui, pressés en Asie et en Europe par les pâtres de Scythie ; et Constantinople aurait inévitablement partagé le sort de Pékin, de Samarcande et de Bagdad, si les Tartares eussent entrepris de l’assiéger. Lorsque Batou, comblé de gloire, repassa volontairement le Danube, la vanité des Grecs et des Francs insulta sa retraite[1]. Le conquérant se mit une seconde fois en marche, dans le dessein d’attaquer la capitale des Césars ; mais la mort le surprit et sauva Byzance. Son frère Borga conduisit les Tartares dans la Thrace et dans la Bulgarie ; mais il fut détourné de la conquête de Constantinople par un voyage à Novogorod, située au cinquante-septième degré de latitude, où il fit le dénombrement des Russes et régla les tributs de la Russie. Le kan des Mongouls fit une alliance avec les mamelucks contre ses compatriotes de la Perse. Trois cent mille hom-

  1. Quelques échecs que les Mongouls essuyèrent en Hongrie (Matthieu Paris, p. 545, 546) ont pu faire répandre le bruit de l’union et de la victoire des rois francs sur les frontières de la Bulgarie. Abulpharage (Dynast., p. 310), quarante ans après, et au-delà du Tigre, peut avoir aisément été induit en erreur.