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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/347

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Tigre et de l’Euphrate jusqu’à leur source, tout le pays qu’arrosent ces deux fleuves fut soumis à son obéissance. Il entra dans Édesse, et châtia les sacriléges Turcomans de la brebis noire, qui avaient pillé une caravane de la Mecque. Les chrétiens de la Géorgie bravaient encore dans leurs montagnes les armes et la loi des mahométans : le succès de trois expéditions lui obtint le mérite de la gazie ou guerre sainte, et le prince de Téflis devint son prosélyte et son ami.

2o Du Turkestan. A. D. 1370-1383.

II. L’invasion du Turkestan, ou Tartarie orientale, put passer pour une vengeance légitime ; l’impunité des Gètes blessait l’orgueil de Timour. Il passa le Gihoon, soumit le royaume de Cashgar et pénétra sept fois dans le cœur de leur pays. Son camp le plus éloigné fut à deux mois de marche ou à quatre cent quatre-vingts lieues au nord-est de Samarcande, et ses émirs, après avoir traversé l’Irtish, gravèrent dans les forêts de la Sibérie un monument grossier de leurs exploits. La conquête du Kipzak[1] ou Tartarie occidentale eut pour motif de secourir les opprimés et de punir les ingrats. Toctamish, prince fugitif, avait obtenu la protection de Timour et un asile à sa cour ; il renvoya dédaigneusement les ambassadeurs d’Auruss-kan, qui furent suivis le même jour des armées du Zagatai. Sa victoire rétablit Toc-

  1. Arabshah avait voyagé dans le Kipzak, et acquis de grandes connaissances de la géographie, des villes et des révolutions de ce pays septentrional (part. I, c. 45-49).