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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/439

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dispensable qualité d’une impératrice. Il obtint l’aveu de son clergé, en le menaçant de se retirer dans un cloître, et d’abandonner le trône à son frère Constantin, si on refusait de consentir à son divorce. La première, ou pour mieux dire la seule victoire de Paléologue, fut celle qu’il remporta sur un Juif[1], qu’après une longue et savante dispute, il convertit à la foi chrétienne ; cette importante conquête a été soigneusement consignée dans l’histoire du temps ; mais il renouvela bientôt le projet de réunir les deux Églises ; et, sans égard pour les avis de son père, prêta l’oreille, à ce qu’il paraît, de bonne foi à la proposition de s’aboucher avec le pape dans un concile général au-delà de la mer Adriatique. Martin V encourageait ce dangereux projet, et son successeur Eugène s’en occupa faiblement, jusqu’à ce qu’enfin, après une négociation languissante, l’empereur reçut une sommation de la part d’une assemblée revêtue d’un caractère différent, celle des prélats indépendans de Bâle, qui s’intitulaient les représentans et les juges de l’Église catholique.

Corruption de l’Église latine.

Le pontife romain avait défendu et gagné la cause de la liberté ecclésiastique ; mais le clergé victorieux se trouva bientôt exposé à la tyrannie de son libéra-

  1. La première objection des Juifs est sur la mort de Jésus-Christ : si elle fut volontaire, le Christ est coupable de suicide ; à quoi l’empereur oppose un mystère. Ils disputent ensuite sur la conception de la Vierge, sur le sens des prophéties, etc. (Phranza, l. II, c. 12, jusqu’à la fin du chapitre).