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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/470

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leurs mœurs, et ne se livrèrent jamais, comme les ecclésiastiques latins, aux intérêts et aux plaisirs de la vie séculière et même de la vie militaire. Après avoir perdu une partie de leur temps dans les dévotions, la discorde et l’oisiveté de l’église ou du cloître, les esprits actifs et curieux se livraient avec ardeur à l’étude de l’érudition grecque, sacrée et profane. Les ecclésiastiques présidaient à l’éducation de la jeunesse, les écoles d’éloquence et de philosophie se perpétuèrent jusqu’à la chute de l’empire ; et l’on peut affirmer que l’enceinte de Constantinople contenait plus de sciences et de livres qu’il n’y en avait de répandus dans les vastes contrées de l’Occident[1]. [Comparaison des Grecs avec les Latins.]Mais nous avons déjà observé que les Grecs s’étaient arrêtés ou rétrogradaient, tandis que les Latins s’avançaient par des progrès rapides. Ces progrès étaient animés par l’esprit d’indépendance et d’émulation ; et même le petit univers renfermé dans les bornes de l’Italie contenait plus de population et d’industrie que l’empire expirant de Byzance. En Europe, les dernières classes de la société s’étaient affranchies de la servitude féodale ; et la liberté amène le désir de s’instruire et les lumières qui en sont la suite. La superstition avait conservé l’usage à la vérité grossier et corrompu de la langue latine ; des milliers d’étudians peuplaient les universités répandues depuis

  1. Voyez l’état de la littérature des treizième et quatorzième siècles, dans les Œuvres du savant et judicieux Mosheim (Instit. Hist. ecclés., p. 434-440, 490-494).