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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/64

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que dix mille livres d’or, et abandonnant lâchement son trône, son épouse et ses sujets, il traversa le Bosphore à la faveur de l’obscurité, et trouva un honteux refuge dans un petit port de la Thrace. Ses courtisans, dès qu’ils apprirent sa fuite, coururent implorer leur pardon et la paix au cachot où l’empereur aveugle attendait à chaque instant les exécuteurs qui devaient trancher ses jours. Redevable aux vicissitudes de la fortune de son salut et du retour de sa puissance, Isaac, revêtu de sa robe impériale, remonta sur son trône environné d’esclaves prosternés, dont il ne pouvait discerner ni la terreur réelle ni la joie affectée. Au point du jour, on suspendit les hostilités, et les Latins reçurent avec étonnement un message de l’empereur légitime, qui, rétabli dans ses droits, était impatient d’embrasser son fils et de récompenser ses généreux libérateurs[1].

Rétablissement de l’empereur Isaac Lange et de son fils Alexis. 19 juillet.

Mais ces libérateurs généreux n’étaient point disposés à relâcher leur otage avant d’avoir obtenu de son père le payement ou au moins la promesse de leur récompense. Ils choisirent quatre ambassadeurs.

  1. Pour le premier siége et la conquête de Constantinople, on peut lire la lettre originale des croisés à Innocent III, Villehardouin (nos 75-99), Nicétas (in Alexio. Comnène, l. III, c. 10, p. 349-352), Dandolo (in Chron., p. 322). Gunther et l’abbé Martin n’étaient point encore de retour de leur premier pèlerinage à Jérusalem ou à Saint-Jean-d’Acre, où ils demeuraient obstinément, quoique la plus grande partie de leurs compagnons y fussent morts de la peste.