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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/147

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porel de la ville de Rome était de défendre les papes et de leur assurer dans son sein un séjour tranquille et honorable, puisque c’était de leur seule présence qu’un peuple vain et paresseux tirait la plus grande partie de ses subsistances et de ses richesses. [Sur leurs richesses.]Le revenu fixe des papes avait probablement diminuée : des mains sacriléges avaient envahi en Italie et dans les provinces un assez grand nombre de domaines de l’ancien patrimoine de saint Pierre, et les vastes concessions de Pépin et de ses descendans, réclamées plutôt que possédées par l’évêque de Rome, ne pouvaient compenser cette perte ; mais une foule perpétuelle et toujours croissante de pèlerins et de supplians nourrissait le Vatican et le Capitole ; l’étendue de la chrétienté était fort augmentée, et le pape, ainsi que les cardinaux, étaient accablés des affaires que leur donnait le jugement des causes en matières ecclésiastiques et en matières civiles. Une nouvelle jurisprudence avait établi dans l’Église latine le droit et l’usage des appels[1] ; on engageait ou l’on som-

    confondre les marques de la soumission filiale et celles de la soumission féodale.

  1. Le zélé saint Bernard (De Consideratione, l. III, t. II, p. 431-442, éd. de Mabillon, Venise, 1750) et le judicieux Fleury (Discours sur l’Hist. ecclés., IV et VII) déplorent ces appels que toutes les Églises formaient devant le pontife romain ; mais le saint, qui croyait aux fausses décrétales, ne condamne que l’abus de ces appels : l’historien plus éclairé recherche l’origine, et combat les principes de cette nouvelle jurisprudence.