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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/326

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de l’ancienne Rome, Sixte-Quint, qui employa les pierres du Septizonium au noble édifice de Saint-Pierre, est le seul excusable[1]. Un fragment et une ruine, quelque mutilés, quelque profanes qu’ils puissent être, excitent encore un sentiment de plaisir et de regret ; mais la plupart des marbres furent non-seulement défigurés, mais détruits. On les brûla pour en faire de la chaux. Le Pogge, depuis son arrivée, avait vu disparaître le temple de la Concorde[2], et beaucoup d’autres grands édifices ; et une épigramme du même temps annonçait la respectable et juste crainte que cette pratique ne finît par anéantir tout-à-fait les monumens de l’antiquité[3] ;

  1. Vita di Sisto-Quinto, de Gregorio Leti, t. III, p. 50.
  2. Porticus ædis Concordiæ, quam, cum primum ad urbem accessi, vidi ferre integram opere marmoreo admodum specioso ; Romani post modum ad calcem ædem totam et porticus partem disjectis columnis sunt demoliti (p. 12). Le temple de la Concorde n’a donc pas été détruit dans une sédition, comme je l’ai lu dans un traité manuscrit del Governo civile di Roma, qu’on me prêta durant mon séjour à Rome, et qu’on attribuait, faussement je crois, au célèbre Gravina. Le Pogge assure aussi que les pierres du sépulcre de Cæcilia Metella furent réduites en chaux (p. 19, 20).
  3. Cette épigramme, qui est d’Æneas Sylvius, lequel devint ensuite pape sous le nom de Pie II, a été publiée par le P. Mabillon, d’après un manuscrit de la reine de Suède (Musæum italicum, t. I, p. 97).

    Oblectat me, Roma, tuas spectare ruinas ;
    Ex cujus lapsu gloria prisca patet.
    Sed tuus hic populas meris defossa vetustis
    Calcis in obsequium, marmora dura coquit ;