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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/327

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les besoins et les dévastations des Romains ne furent arrêtés que par la diminution de leur nombre, Pétrarque, entraîné par son imagination, a pu supposer à Rome plus d’habitans qu’elle n’en avait[1], mais j’ai peine à croire que, même au quatorzième siècle, on n’y en trouvât que trente-trois mille. Si depuis cette époque jusqu’au règne de Léon X, la population s’éleva à quatre-vingt-cinq mille âmes[2], cet accroissement dut être funeste à l’ancienne cité.

Les querelles domestiques des habitans de Rome.

IV. J’ai réservé pour la dernière la plus puissante de ces causes de destruction, les guerres intestines des Romains. Sous la domination des empereurs grecs et français, la paix de la ville fut troublée par de fréquentes mais passagères séditions. C’est du déclin de l’autorité des successeurs de Charlemagne, c’est-à-dire des premières années du dixième siècle, que datent ces guerres particulières dont la licence viola impunément les lois du code et celle de l’Évangile, sans respecter la majesté du souverain absent, ni la présence et la personne du vicaire de Jésus-Christ. Durant une obscure période de cinq siècles, Rome fut perpétuellement déchirée par les sanglantes que-

    Impia tercentum si sic gens egerit annos
    Nullum hinc indicium nobilitatis erit.

  1. Vagabamur in illâ urbe tam magnâ ; quæ, cum propter spatium, vacua videretur, populum habet immensum (Opp., p. 605, Epist. familiares, 11, 14).
  2. Ces détails sur la population de Rome à différentes époques, sorti tirés d’un très-bon Traité du médecin Lancisi, De Romanis Cæli qualitatibus, p. 122.