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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/35

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fussent conduits par le devoir ou l’intérêt, avaient abandonné un parti coupable, s’étaient retirés du tumulte de la révolte, ou épiaient le moment de trahir l’usurpateur. Lupicinus accourait à marches forcées avec les légions de Syrie au secours de Valens. Arinthæus qui, pour la force, la valeur et la beauté, surpassait tous les héros de son temps, attaqua, avec une troupe peu nombreuse, un corps de rebelles supérieur en forces. Quand il reconnut parmi eux les soldats qui avaient servi sous ses drapeaux, il leur commanda, d’une voix forte, de saisir et de lui livrer leur prétendu commandant ; et tel était l’ascendant de son caractère, qu’ils obéirent sans hésiter à cet extraordinaire commandement[1]. Arbetio, respectable vétéran du grand Constantin, qui avait été décoré des honneurs du consulat, se laissa gagner, quitta sa retraite et accepta le commandement d’une armée. Dans le fort du combat, il ôta son casque d’un air calme, et découvrant sa figure vénérable et ses cheveux

  1. Et dedignatus hominem superare certamine despicabilem, autoritatis et celsi fiduciâ corporis, ipsis hostibus jussit, suum vincire rectorem : atque ita turmarum antesignanus umbratilis comprensus suorum manibus. Saint Basile célèbre la force et la beauté d’Arinthæus, nouvel Hercule, et il suppose que Dieu l’avait créé comme un modèle inimitable de la perfection humaine. Les peintres ni les sculpteurs ne parvinrent point à attraper sa ressemblance, et les historiens paraissaient fabuleux lorsqu’ils racontaient ses exploits. (Ammien, XXVI, et Valois, ad locum.)