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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/83

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queurs épargna quelques prisonniers destinés à périr dans l’amphithéâtre ; et l’orateur Symmaque se plaint de ce que vingt-neuf de ces Barbares, que le désespoir porta à s’étrangler de leurs propres mains, ont ainsi diminué les amusemens du public. Cependant ces mêmes habitans de Rome, remplis d’humanité et de philosophie, n’apprenaient qu’avec horreur que les Saxons sacrifiaient à leurs dieux la dixième partie de leurs prisonniers, et qu’ils tiraient au sort les victimes de ce barbare sacrifice[1].

Grande-Bretagne. Les Pictes et les Écossais.

II. La lumière des sciences et de la philosophie a fait oublier peu à peu les colonies fabuleuses des Égyptiens et des Troyens, des Scandinaves et des Espagnols, qui flattaient la vanité de nos ancêtres et plaisaient à leur crédulité[2]. Notre siècle se contente de cette idée simple et raisonnable que les îles de la Grande-Bretagne et de l’Irlande ont été succes-

  1. Symmaque (l. II, épit. 46) ose encore prononcer les noms sacrés de Socrate et de la philosophie. Sidonius, évêque de Clermont, pouvait condamner (l. VIII, épît. 6) avec moins d’inconséquence, les sacrifices humains des Saxons.
  2. Au commencement du dernier siècle, le savant Camden, armé d’un septicisme respectueux, détruisit le roman de Brutus le Troyen, enseveli aujourd’hui dans l’oubli, ainsi que Scola, fille de Pharaon, et sa nombreuse postérité. On assure qu’il se trouve encore en Irlande, parmi les naturels du pays, des hommes fortement attachés à l’opinion de la colonie Milésienne. Un peuple mécontent de sa situation présente saisit avidement les fables de sa gloire passée.