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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/79

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un fort détachement de leurs compatriotes en ordre de bataille, l’épée à la main, et mêlant leurs cris de guerre aux chants de la psalmodie religieuse. Une foule de chrétiens sortaient des maisons voisines poursuivre cette édifiante procession, et des fugitifs de tout âge, de tout rang, et même de toutes les sectes, eurent le bonheur de se sauver dans le sanctuaire protecteur de l’église du Vatican. Saint Augustin composa son savant ouvrage sur la Cité de Dieu pour justifier les voies de la Providence dans la destruction de la grandeur romaine. Il célèbre particulièrement ce mémorable triomphe du Christ, et insulte ses adversaires en les défiant de lui citer un exemple d’une ville prise d’assaut, où les divinités fabuleuses de l’antiquité aient été capables de se sauver elles-mêmes ou de protéger leurs crédules prosélytes[1].

Pillage et incendie de Rome.

C’est avec justice qu’on applaudit à de rares et extraordinaires exemples de vertus donnés par les Barbares dans le sac de Rome ; mais l’enceinte sacrée du Vatican et les églises des apôtres ne pouvaient contenir qu’une petite portion du peuple romain. Des milliers de soldats, et principalement les Huns qui suivaient les drapeaux d’Alaric, ne connaissaient ni la foi, ni peut-être le nom du Christ ; et nous pouvons même présumer, sans manquer à la charité ou à la bonne foi, que dans ces momens de licence et de désordre, où les passions enflammées avaient

  1. Voyez saint Augustin, De Civit. Dei., l. I, c. 1-6. Il cite les exemples de Troie, de Syracuse et de Tarente.