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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/124

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temps de guerre, le détroit qui joint la mer Noire à la Méditerranée. Constantinople contribua beaucoup plus à la conservation de l’Orient qu’à la ruine de l’Occident.

Comme le principal objet de la religion est le bonheur d’une vie future, on peut remarquer sans surprise et sans scandale que l’introduction, ou au moins l’abus du christianisme, eut quelque influence sur le déclin et sur la chute de l’empire des Romains. Le clergé prêchait avec succès la doctrine de la patience et de la pusillanimité. Les vertus actives qui soutiennent la société étaient découragées, et les derniers débris de l’esprit militaire s’ensevelissaient dans les cloîtres. On consacrait sans scrupule aux usages de la charité ou de la dévotion, une grande partie des richesses du public et des particuliers ; et la paye des soldats était prodiguée à une multitude oisive des deux sexes, qui n’avait d’autres vertus que celles de l’abstinence et de la chasteté. La foi, le zèle, la curiosité et les passions plus mondaines de l’ambition et de l’envie, enflammaient les discordes théologiques. L’Église et l’État furent déchirés par des factions religieuses, dont les querelles étaient quelquefois sanglantes et toujours implacables. L’attention des empereurs abandonna les camps pour s’occuper des synodes ; une nouvelle espèce de tyrannie opprima le monde romain, et les sectes persécutées devinrent en secret ennemies de leur patrie. Cependant l’esprit de parti, quoique absurde et pernicieux, tend à réunir les hommes aussi-bien qu’à les diviser :