Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

victoires de Bélisaire et de Narsès, sans dissimuler la vanité de leurs triomphes, ou les qualités guerrières des héros de la Perse et de la nation des Goths. Je traiterai ensuite de la jurisprudence établie par Justinien, de ses opinions théologiques, des controverses et des sectes qui divisent encore l’Église d’Orient, et du code de lois romaines que suivent ou respectent les nations modernes de l’Europe.

Naissance et vices de l’impératrice Théodora.

I. Justinien, une fois élevé sur le trône, le premier acte de son autorité fut de la partager avec la femme qu’il aimait, la fameuse Théodora[1], dont l’étrange fortune ne peut être regardée comme le triomphe de la vertu des femmes. Sous le règne d’Anastase, le soin des bêtes farouches qu’entretenait la faction des Verts à Constantinople, était confié à Acacius, originaire de l’île de Chypre, et qu’on surnomma le Maître des ours. Après sa mort, cet honorable emploi sortit de sa famille, malgré la vigilance de sa veuve, qui avait eu soin de se ménager un second mari à qui elle voulait procurer l’emploi du premier. Acacius laissa trois filles, Comito[2], Théodora et Anastasie : l’aînée n’avait pas

  1. Voyez, touchant la vie et les mœurs de l’impératrice Théodora, les Anecdotes, et surtout les c. 1, 5-9, 10-15, 16, 17, avec les savantes notes d’Alemannus, auxquelles je renvoie toujours, lors même que je ne les indique pas.
  2. Comito épousa par la suite Sittas, duc d’Arménie. Il pourrait se faire que Sittas fût le père, ou du moins que Comito fût la mère de l’impératrice Sophie. Les deux neveux de Théodora, dont parlent quelques auteurs, étaient peut-être fils d’Anastasie. (Aleman., p. 30, 31).