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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/217

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plus de sept ans. Leur mère imagina de faire paraître, un jour de fête solennelle, ces jeunes orphelines en habit de suppliantes, au milieu de l’amphithéâtre. La faction des Verts les reçut avec mépris, celle des Bleus avec compassion ; et cette insulte, qui blessa profondément le cœur de Théodora, influa beaucoup par la suite sur l’administration de l’empire. Les trois sœurs, lorsque l’âge eut développé leur beauté, furent successivement dévouées aux plaisirs publics et particuliers du peuple de Byzance ; et Théodora, après avoir paru sur le théâtre à la suite de Comito, en habit d’esclave et portant sur sa tête un siége pliant, eut enfin la permission de travailler pour son propre compte. Elle ne dansait point, elle ne chantait pas, elle ne jouait point de la flûte, et ses talens se bornaient à l’art de la pantomime ; elle excellait dans les rôles bouffons, et dès qu’elle enflait ses joues, et que, prenant un ton et des gestes comiques, elle se plaignait des coups qu’elle avait reçus, des éclats de rire et des applaudissemens remplissaient le théâtre de Constantinople. Sa beauté[1] obtenait des éloges plus flatteurs et donnait des plaisirs plus vifs. Ses traits avaient de la délicatesse et de la régularité ; son teint, un peu pâle, était cependant animé d’une légère nuance d’incarnat ; la

  1. On plaça sa statue sur une colonne de porphyre au milieu de Constantinople. Voyez Procope (de ædificiis, l. I, c. 11), qui fait son portrait, dans les Anecdotes, c. 10. Aleman. (p. 47), d’après une mosaïque de Ravenne, en cite un chargé de perles et de bijoux, et cependant assez beau.