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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/225

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à la justice ; et l’on disait, qu’insensible à la voix de la prière et sans être émue de compassion, elle assistait à la torture ou à la fustigation de ses victimes[1]. Quelques-unes de ces victimes infortunées expirèrent dans des cachots malsains ; d’autres, après avoir perdu leur raison, leur fortune ou l’usage de leurs membres, furent rendus à la lumière pour être un vivant témoignage de la vengeance de Théodora, qui s’étendait pour l’ordinaire sur les enfans de ceux qu’elle avait soupçonnés ou opprimés ; et lorsqu’elle avait prononcé la mort ou l’exil d’un évêque ou d’un sénateur, elle les livrait à un satellite de confiance dont l’activité à exécuter sa commission était aiguillonnée par ces mots qu’il entendait de la propre bouche de l’impératrice : « Si vous n’exécutez pas mes ordres, je le jure par celui qui vit à jamais, vous serez écorché[2]. »

Ses vertus.

Si l’hérésie n’eût pas souillé la foi de Théodora, sa dévotion exemplaire aurait pu expier, dans l’esprit des contemporains, son orgueil, son avarice et sa cruauté ; mais si elle employa son crédit à calmer la fureur intolérante de l’empereur, le siècle actuel lui tiendra compte de sa religion, et aurait beaucoup d’indulgence pour ses erreurs théologiques[3]. Le

  1. Saturninus, qui avait osé dire que sa femme, favorite de l’impératrice, ne s’était pas trouvée ατρετος, la première nuit de son mariage (Anecdot., c. 17), éprouva une fustigation moins cruelle.
  2. Per viventem in sæcula, excoriari te faciam. Anastasius, de vitis Pont. Roman, in Vigilio, p. 40.
  3. Ludewig, p. 161-166. Je me plais à me conformer à