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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/226

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nom de Théodora se trouve dans tous les établissemens de piété ou de charité que fit Justinien ; et on peut attribuer l’institution la plus bienfaisante de son règne à la compassion de l’impératrice pour les compagnes de son premier état, que le libertinage ou la misère avaient jetées dans la prostitution. Un palais de la côte asiatique du Bosphore devint un couvent spacieux et magnifique, et elle y pourvut d’une manière libérale à la subsistance de cinq cents femmes qu’elle tira des rues et des mauvais lieux de Constantinople. On les y renferma à perpétuité, et la reconnaissance de la plupart d’entre elles pour la généreuse bienfaitrice qui les avait arrachées à la misère et au péché, fit oublier le désespoir de quelques-unes qui se précipitèrent dans la mer[1]. Justinien lui-même vantait la prudence de Théodora, et il attribuait ses lois aux sages conseils de sa respectable épouse, qu’il regardait comme un présent de la Divinité[2]. Elle déploya son courage au milieu du tumulte du peuple et des terreurs de la cour. Sa

    ses charitables intentions ; il a d’ailleurs peu de charité dans le caractère.

  1. Comparez les Anecdotes, c. 17, avec le livre des Édifices, l. I, c. 9. Combien le même fait peut être différemment raconté ! Jean Malala (t. II, p. 174, 175) observe qu’en cette occasion, ou dans une occasion pareille, elle habilla et racheta les filles qu’elle avait tirées des mauvais lieux à cinq aurei par tête.
  2. Novell. VIII, I. L’empereur fait ici allusion au nom de Théodora. Les ennemis de l’impératrice lisaient Dæmonodora. Aleman., p. 66.