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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/369

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Si Bélisaire se fût laissé aller à quelque incertitude sur ce que lui prescrivait son devoir, il aurait pu alléguer, contre l’empereur lui-même, l’indispensable nécessité d’arracher l’Afrique à un ennemi plus barbare que les Vandales. L’origine des Maures est enveloppée de ténèbres ; ils ignoraient l’usage de l’alphabet[1]. On ne peut fixer d’une manière précise les bornes de leur pays ; une immense contrée était ouverte aux bergers de la Libye ; les saisons et les pâturages réglaient leurs mouvemens ; et leurs cabanes grossières, le petit nombre de leurs meubles, ne leur coûtaient pas plus de peine à transporter que leurs armes, leurs familles, les moutons, les bœufs et les chameaux, qui composaient leurs richesses[2]. Tant que la puissance romaine donna des lois en Afrique, ils se tinrent à une distance respectueuse de Carthage et de la côte de la mer ; sous le faible règne des Vandales, ils s’emparèrent des villes de la Numidie ; ils occupèrent les bords de la mer

    Sorbi et des Venedi étaient déjà établies sur les frontières de la Thuringe. (Mascou, Hist. des Germ., l. XV, 3, 4, 5).

  1. Salluste nous peint les Maures comme un reste de l’armée d’Hercule (De bell. Jugurth., c. 18), et Procope (Vandal., l. II, c. 10) comme les descendans des Cananéens qui prirent la fuite devant le brigand Josué (λησ‌της). Il cite deux colonnes avec une inscription phénicienne. Je crois aux colonnes, je doute de l’inscription, et je rejette la généalogie.
  2. Virgile (Géogr., III, 389) et Pomponius-Mela (I, 8) décrivent la vie errante des pasteurs africains, qui ressemble à celle des Arabes et des Tartares ; et Shaw (p. 222) est l’écrivain qui commente le mieux le poète et le géographe.