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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/370

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depuis Tanger jusqu’à Césarée, et ils s’établirent impunément au milieu de la fertile province de Byzacium. L’armée redoutable et la conduite adroite de Bélisaire assurèrent la neutralité des princes maures, dont la vanité aspirait à recevoir de l’empereur les enseignes de la royauté[1]. Ils furent étonnés de la rapidité de ses succès et tremblèrent devant leur vainqueur ; mais l’approche de son départ fit cesser les craintes de ces peuples superstitieux et sauvages. La multitude de leurs femmes les rendit indifférens à la sûreté de ceux de leurs enfans que les Romains détenaient en otages ; et lorsque Bélisaire quitta le port de Carthage, il entendit les cris des habitans de la province, et il vit presque les flammes des édifices que brûlaient les Maures. Toutefois il persista dans sa résolution ; seulement il laissa une partie de ses gardes pour renforcer les garnisons trop faibles, et il donna le commandement de l’Afrique à l’eunuque Salomon[2], qui ne se montra pas indigne de rem-

  1. On donnait en ces occasions un sceptre, une couronne ou un chapeau, un manteau blanc, une tunique et des souliers, chargés de figures, le tout orné d’or et d’argent. Ces métaux précieux n’étaient pas moins bien reçus pour être frappés en monnaie. (Procope, Vandal., l. I, c. 35).
  2. Voyez les détails sur le gouvernement d’Afrique et les exploits militaires de Salomon, dans Procope, Vandal., l. II, c. 10, 11, 12, 19, 20. Cet eunuque fut rappelé, et on lui rendit ensuite le commandement de l’Afrique ; il remporta sa dernière victoire la treizième année du règne de Justinien, A. D. 539. Un accident de son enfance l’avait rendu eunuque (l. I, c. 2). Les autres généraux romains