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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/69

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pendans renouvelèrent et multiplièrent les sources lucratives de l’esclavage qu’avait presque totalement détruites le paisible gouvernement de Rome. Au retour d’une expédition heureuse, le Goth, le Bourguignon ou le Franc, traînait après lui une longue suite de bœufs, de moutons, de femmes et d’hommes, qu’il traitait tous avec le même mépris ou la même brutalité. Il réservait pour son service personnel les jeunes gens des deux sexes qui se faisaient remarquer par leurs agrémens, et qui dans cette situation douteuse se trouvaient alternativement exposés au malheur de plaire ou de déplaire à des maîtres impétueux et despotiques. Les ouvriers de toute espèce (forgerons, charpentiers, tailleurs, cordonniers, cuisiniers, jardiniers, teinturiers, ouvriers en or et en argent) travaillaient de leur métier pour l’usage ou au profit de leur maître ; et il condamnait, sans égard pour leur rang, les captifs romains qui n’avaient point d’industrie, à soigner ses troupeaux ou à travailler dans ses terres. De nouvelles recrues augmentaient perpétuellement le nombre des serfs attachés de père en fils à chaque terre, et ces malheureux, selon le caractère ou la situation de leur maître, se trouvaient quelquefois momentanément élevés à une condition meilleure, et le plus souvent accablés sous le poids d’un despotisme capricieux. Les possesseurs de terre avaient sur leurs serfs le droit

    c. 7), et Barbeyrac, son commentateur, ont tâché de prouver qu’il ne blessait ni les lois de la raison ni celles de la nature.