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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/98

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prince et des sujets. La consternation exagéra le danger, la désunion diminua les ressources, et la fureur des factions civiles se montra plus ardente à déclamer sur les malheurs dont chaque parti accusait la mauvaise conduite de ses adversaires qu’à y porter les remèdes nécessaires. Cependant les Bretons n’ignoraient pas, ne pouvaient même ignorer l’usage des armes et l’art de les fabriquer. Les attaques successives et mal dirigées des Saxons leur donnèrent le temps de revenir de leur frayeur ; et les événemens, soit heureux, soit malheureux, de la guerre, ajoutèrent à leur valeur naturelle les avantages de l’expérience et de la discipline.

Leur résistance.

Tandis que les continens d’Europe et d’Afrique cédaient sans résistance aux Barbares, la Bretagne, seule et sans secours, soutint long-temps avec vigueur une guerre dans laquelle il fallut à la fin céder à des pirates formidables, qui attaquaient presque au même instant les côtes maritimes de l’orient, du nord et du midi. Les villes avaient été fortifiées avec intelligence et se défendirent avec résolution ; les habitans profitèrent de tous les avantages du terrain, des montagnes, des bois et des marais ; la conquête de chaque district fut achetée par beaucoup de sang, et les défaites des Saxons se trouvent attestées d’une manière peu douteuse par le silence prudent de leurs annalistes. Hengist put espérer d’achever la conquête de la Bretagne ; mais durant un règne actif de trente-cinq ans, tout le succès de ses ambitieuses entreprises se borna à la possession du royaume de