Page:Gilbert - Le Jugement dernier, 1773.djvu/19

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Voici de ce Juge suprême
Le redoutable Tribunal.
Ici perdent leur prix l’or & le diadême.
Ici l’homme à l’homme est égal.
Ici la vérité tient ce livre terrible
Où sont écrits vos attentats ;
Et la Religion, mère autrefois sensible,
S’arme d’un cœur de fer contre ses fils ingrats.

Sortez de la nuit éternelle,
Rassemblez-vous, âmes des morts,
Et, reprenant un nouveau corps,
Paroissez devant Dieu, c’est Dieu qui vous appelle.
Ravis à leur morne repos,
Les morts du sein de l’ombre impatients s’élancent,
Et vers leur Dieu, sans ordre, à flots pressés s’avancent
Pâles, & secouant la cendre des tombeaux.

Qui sont ces malheureux, dont la troupe livide
Au pied du Tribunal marche d’un pas timide,
Les flancs nus & palpitants ?
Avec des cris insultants,