Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/140

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Tout le rêve d’un peuple a tenu dans son âme
Pareille au lac géant qui reflète les deux.

Plus tard, il s’est ému devant le Tricolore,
Étant de ces vaillants et fidèles soldats
Dont l’amour filial ne se mesure pas
Aux teintes du drapeau que la Patrie arbore.

Les siècles, de son nom devront se souvenir,
Si la fatalité nous ravit à la gloire ;
Il fait revivre en nous les grandeurs de l’histoire,
Et nous vivrons par lui dans l’immense avenir.

Souvent, au cours de l’âge, une voix inspirée
Qui vibre, seul écho d’un peuple enseveli,
Réveille, au fond des temps comme au fond de l’oubli,
Le passé de ce peuple et sa langue sacrée.

Nous l’aimons pour les chants auxquels il préluda,
Pour le verbe qui vit quand meurent les empires,
Nous dont le cœur français palpite au son des lyres,
Nous l’aimons pour la France et pour le Canada !

Le rêveur s’endormit, emporté par ses ailes
Dans les vertigineux lointains de l’Idéal,
Et tomba brusquement, sur le pavé banal
Brisant à tout jamais son bandeau d’étincelles…

Il a sombré dans les abîmes d’une loi
Qui punit l’imprudence et sauve l’infamie,
Naufragé ballotté sur une onde ennemie
Où la ruse est boussole avant la bonne foi.