Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/34

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cain, furent absolument stériles au point de vue de l’art.

L’une des plus curieuses est une secte latitudinaire, qui eut une certaine fortune dans la province de Parme, celle des Apostoliques ou Apôtres, fondée par un demi-fou du nom de Gérard Segarelli. Ce carnaval religieux semble une vraie parodie de l’idéal franciscain. Eh bien ! je crois qu’on ne lui aurait pas donné plus d’importance qu’il n’en mérite si, au lieu d’en juger d’après le long récit, d’ailleurs si amusant, qu’en fait Salimbene, on eût interrogé les monuments, qui sont muets. Leur silence aurait remis les choses à leur plan.

Par là le témoignage de l’art prend une réelle gravité. Inhabile, dans ces vieux temps, à exprimer encore la vie individuelle, l’art est par excellence l’historien des sentiments communs. Tout ce qu’il n’a pas enregistré risque fort d’être du domaine des curiosités érudites, qui n’intéressent pas l’histoire générale. Il n’admet guère, à cette époque, que ce qui correspond à la mentalité des foules. Il immortalise le rêve de multitudes obscures. En déposant pour elles, pour l’honneur d’innombrables fidèles anonymes, qui n’ont fait que naître, travailler, espérer et mourir, on peut dire que son témoignage revêt une grande poésie et une haute moralité.


II


Cette étude ne séparera pas l’ordre dominicain de l’ordre franciscain. Elle ne les confondra pas non plus : elle se souviendra, au contraire, de distinguer le mieux qu’elle pourra leur diverse nature et leur double influence. C’est pour cela précisément qu’elle évitera de les diviser. M. Thode nous donne l’exemple dans un chapitre