Page:Ginguené - Lettres sur les Confessions de J. J. Rousseau, 1791.djvu/12

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méfiez de la vôtre : vous la mettez à une épreuve ; dont l’idée, je crois, vous appartient : votre modeſtie eſt auſſi ingénieuſe que l’eſt ordinairement l’amour-propre.

Vous avez jugé les Confeſſions : vous avez écrit & motivé votre opinion ; mais vous ne voulez point me la communiquer, craignant, dites-vous, ou la galanterie d’un homme, ou la prévention d’un ami. Vous voulez que j’écrive, que je motive auſſi mon jugement : vous le confronterez avec le vôtre : s’ils diffèrent, nous les diſcuterons ; s’ils ſe rapportent, vous ſerez sûre que je n’y aurai pas mis de complaiſance. Nous nous accordons ſur le fond de la queſtion ; mais l’avons-nous enviſagée ſous les mêmes rapports, & parcouru les mêmes routes, pour arriver au même but ? c’eſt ce que vous voulez ſavoir. Je vous obéis, ſans partager l’idée trop indulgente que vous avez de moi. Vous avez l’air de vous ſoumettre à une épreuve ; & c’eſt moi qui vais la ſubir.

Je vous dirai de Jean-Jacques & le bien & le mal que j’en penſe. Peut-être ſera-ce à la fin ſon éloge que j’aurai fait ; mais ce ne ſera point ſon panégyrique. J’examinerai d’abord s’il devoit écrire ſes Confeſſions, & les écrire comme il a fait ; enſuite quel jugement on doit porter de cet