Page:Ginguené - Lettres sur les Confessions de J. J. Rousseau, 1791.djvu/13

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Ouvrage ; enfin, quelle Opinion l’on doit avoir de l’Auteur.

Duclos, l’un des hommes de lettres les plus juſtement honorés de ce ſiècle, moins par une grande ſupériorité de talens, que par une auſtère & inflexible probité, Duclos à qui Rouſſeau écrivoit : « Mon cher ami, comment faites-vous pour penſer, être honnête homme ; & ne pas vous faire pendre ? », lui conſeilla, pendant ſon ſéjour à Motiers, d’écrire ſes Confeſſions, ou les Mémoires de ſa vie. « Ils ſont très-difficiles à faire, ſans compromettre perſonne, lui répondit Rouſſeau ; pour y ſonger il faut plus de tranquillité qu’on ne m’en liſe, & que je n’en aurai probablement jamais. Si je vis toutefois » je n’y renonce pas, &c. »

Rey, libraire d’Amſterdam, l’en preſſoit depuis long-temps. A ſa prière, Jean-Jacques s’en étoit déja occupé dès le temps de ſon ſéjour à Montmorency ; & il avoit commencé de mettre à part les lettres & les papiers qui lui étoient néceſſaires. L’autorité d’un libraire qui avoit ſes vues d’intérêt, ne prouve rien en faveur de ce projet ; mais celle de Duclos eſt déciſive.

Il connoiſſoit à fond le Philoſophe méconnu, dont il reſta toujours l’ami, quoiqu’il vécût au milieu de ceux qui couvroient une haine implacable du voile de l’intérêt & de l’amitié : il