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long-temps auſſi ſincère de ſa part que de la mienne[1]. » Voilà le langage d’un honnête homme, qui ſe reſpecte lui-même dans ce qui fut l’objet de ſes attachemens. Que faut-il pour prononcer entre Diderot & Jean-Jacques ? Rien autre choſe que comparer la note de l’Eſſai ſur Sénéque avec ce paſſage des Confeſſions.

Un ſeul homme peut-être[2] eſt maltraité, accuſé, chargé outre meſure : il vit encore ; & il n’a point réclamé contre ces accuſations. C’eſt à lui de ſe juger d’abord, & enſuite de ſe défendre c’eſt à ceux qui le connoiſſent de dire ce qu’ils ſavent en ſa faveur mais en regardant comme vrai tout ce que ſon ſilence, celui de ſes amis, & la véridicité de Rouſſeau rendent vraiſemblable, celui-ci n’a point, même à ſon égard, enfreint la loi que l’équité l’avoit engagé à ſe preſcrire, de faire ſes Confeſſions & celles des autres avec la même franchiſe, en tout ce qui ſe rapportoit à lui ; de ne dire jamais que le mal qui le regardoit, & qu’autant qu’il y étoit forcé[3].

Pour tout le reſte, ſi vous exceptez le ſeul point ſur lequel j’ai paſſé condamnation, je n’y

  1. Confeſſions, liv. X.
  2. M. Grimm.
  3. Voyez la fin du huitième livre.