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FLORENCE

te bats pas, je t’en supplie. Si tu m’aimes, ne le fais pas !

Hubert soutient Florence qui sanglote sur sa poitrine ; et il laisse tomber son arme à ses pieds.

— Eh bien ! Monsieur, j’espère que vous ferez comme moi. Vous accéderez au désir de cette pauvre enfant.

Mais Turcobal que la vue de cet être adorable aux bras de son rival rend fou de rage, s’écrie :

— Non, je veux me battre.

— Allons ! reprend Hubert au paroxisme de l’indignation et du mépris. Vous avez insulté ma patrie, et maintenant, vous insultez une jeune fille en pleurs à nos pieds. Monsieur, vous paierez pour les deux. Témoins, comptez !

Une flamme jaillit mêlée à une détonation sèche. Un cri d’angoisse : Gustave Turcobal s’affaisse avec une lueur de somnambule dans les yeux et en faisant des soubresauts de saltimbanque. Tous l’entourent. Le docteur, à genoux près du blessé, examine la blessure. Il déclare qu’il n’y a rien de dangereux. Perforant l’épaule droite, la balle a brisé la clavicule.

Le vainqueur aussi bon que brave s’agenouille auprès du blessé, et lui tend la main.

Turcobal se détourne.

— Un ennemi de plus, voilà tout pense Hubert !

Florence lève sur le jeune homme ses yeux qui brillent comme de la poudre d’émeri. Comme deux perles, deux larmes descendent le long de ses joues. Par suite de sa frayeur, celles-ci ressemblent à deux