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FLORENCE

terre. Avec toi, j’irais dresser ma tente au milieu des sables torrides de la blanche et mystérieuse Égypte ; avec toi, j’irais me murer dans une grotte écartée au bord de la mer, recouverte de varech et tapissée de pampre vert.

« Et dérobant, avec un soin jaloux, aux yeux de l’humanité, cette création adorable, je saluerais chaque lever de l’aurore et chaque coucher du crépuscule, en louant le Dieu de la nature qui m’aurait assez aimé pour me donner une femme telle que toi !

« Florence, implora-t-il, en se glissant aux pieds de la jeune vierge pâle d’émotion et d’enivrement, veux-tu m’accorder ta »

Mais qui pourrait décrire les sentiments de stupéfaction, de rage, de honte, de douleur qui s’emparèrent de son âme, lorsqu’il entendit ces paroles qui cinglèrent ses oreilles comme un coup de knout :

— Oui, nous allons les faire arrêter, tous, Papineau, Nelson, Morin, Rolette, Cartier, et tout le reste de la canaille. Nous en avons assez de ces hommes qui auraient besoin de se mettre plus de plomb dans la tête que dans leurs fusils.

Le jeune homme bondit sous l’outrage comme le fauve dont les flancs viennent d’être lacérés par la flèche empoisonnée.

La jeune fille, redoutant un malheur, se suspend à son cou.

— Entends-tu Florence, entends-tu ? Et ce sont là les paroles de ton père ! Oui, je reconnais bien sa voix, lui le loyal à l’Angleterre ! Florence, la fille d’un bureaucrate ! Florence, toi si belle, si bonne, si dévouée, si canadienne-française, la fille d’un traître,