Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/134

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la nuit auprès d’elle ; quand sa mère se portait bien, elle passait la nuit au bal, à s’amuser comme une jeune fille. Trop naïve, trop naturelle pour n’être pas coquette, elle cherchait à plaire, mais malgré elle ; elle aimait les chapeaux, les robes, les fleurs, les rubans, sans prétendre être une femme à la mode. Elle s’occupait de sa maison sans se croire une bonne ménagère ; elle remplissait tous ses devoirs sans savoir que c’était cela qu’on appelait les devoirs ; elle avait accepté tous les rôles que lui avait offerts la vie, sans savoir à quel emploi ils appartenaient, avec innocence et bonne foi ; mais tout faisait craindre aussi qu’elle n’en acceptât de plus périlleux avec la même innocence et la même bonne foi. C’était enfin ce que les femmes froides et romanesques appellent, avec dédain, une bonne petite femme. Malheureusement ces bonnes petites femmes ont plus d’âme que les grandes femmes langoureuses, et Malvina était d’autant plus sensible, qu’elle n’était point romanesque. Elle ne croyait pas à tous les grands événements qu’on raconte dans les livres ; elle pen-