Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(S/] KGOLE DES INDIFFÉRENTS

Je lui avouai que j'aimais Renée- Amélie.

— Je souhaite à votre petite amie une vie longue et heureuse, affirma-t-elle. Embrassez- moi.

La nuit tombait. Le saule laissait couler tant d'argent sur la route que la lune parais- sait fausse. Nenetza, les yeux demi clos, observait avec insistance mes moindres gestes, et me donnait les conseils de sa vieille expérience.

— Tournez-moi les pieds vers l'Orient... Tournez-moi le visage au vent... Et ce n'est point la peine de mouiller votre doigt pour savoir d'oii il vient. Vous n'avez qu'à tirer la langue.

C'en était fait. Elle mourait déjà, bien qu'elle eût oublié de boire. Sa main parcou- rait languissamment mon visage. Les oiseaux épouvantés fuyaient, mais butaient contre les peupliers qui barraient l'horizon et s'y accro- chaient. Le cœur allait juste s'arrêter... quand la silhouette de ma gouvernante apparut, et effraya la mort même. Seul un corbeau essaya cependant de croasser...

— Ecoutez les cailles... dit Miss Draper.

�� �