Page:Giraudoux - Provinciales.djvu/42

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caresser. Alors, désespéré et bienheureux, je fais des paris d’où dépendra ma vie ; si elle remue sa main droite avant sa main gauche, je serai malheureux à jamais ; si elle baisse ses cils avant que j’aie compté vingt, je serai de nouveau malade.

La main et les cils de ma sœur l’ont décidé : je serai heureux à jamais, et je serai de nouveau malade. Je ne sais pourquoi je pleurerais, si mes yeux et mes larmes étaient à niveau ; je ne sais pourquoi je souris, et pourquoi, ô ma sœur si belle, le plafond danse, s’abaisse, s’éparpille, — éteint la bougie, ton corps immense, ton ombre immense, et mes yeux.