Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ru à VÉCOLI nt svnmrn 53

jour, il mourrait vraiment, sans que sa mort, comme un coup porté à la terre même, amenât sur un coin de cimetière f un afflux de gens éplorés et d’orphelins, et il î resterait à peine de lui quelques souvenirs, quelques hardes, à peu près ce qu’il resterait de gravier et de sable, sa tombe une fois remplie. ’ Un peu moins de force, d’indifl’érence, un peu moins de chance et j’aurais eu moi aussi cette vie mortelle. Il partit en levant enfin les yeux, É en souriant, en mo disant :—

Nous sommes fiers de toi, Simon, tu es "’parfait !

Il avait oublié sur la cheminée son gant, son unique gant sans bouton. Il aurait oublié sa ’main que je n’eusse point été ému davantage. Ce n’était pas tout à fait faux. Je n’étais, pas tout à fait imparfait. J’étais à mon aise dans la vertu ; De même que le négligé me gâtait plus qu’un autre, et que je devais être toujours fraîchement rasé, fraîchement coiffé, un seul à défaut, je le sentais, eût en moi tout compro- [ mis. J’essayais donc de n’en pas avoir. Il est si l’commode de ne pas mentir, de ne pas voler ’pour qui n’a point à justifier de premiers men-