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5À SIMON LE PATHÉTIQUR î

songes, de premières dettes. J’étais mon maître ; 3 je n’avais eu à demander pardon, dans ma vie, I qu’aux voisins sur les pieds desquels j’avais 1 marché. Je pouvais à ma guise m’écarter des gens ami apathiques, des gens cyniques, des malfaisantes gens. Je ne me fis point scrupule de rappeler en plein repas à ’un ancien ministre, le ’mêmequi supprima lâchement Puniforme des gendarmes, qu’il avait désorganisé l’armée. C’était vrai : il avait fait aussi cela. De même que je vengeais autrefois mes camarades, je pris à tâche de’venger, dans les banquets ou p les salons prétentieux, Poussin, Schumann et. Michel-Ange. Le monde est si fragile que je le pénétrai aisément, sous cette enfantine cuirasse. Ma transparence, mon désintéressement même intriguaient ; les maîtresses de maison me ’ croyaient également capable de jeter des bombes sur un tsar ou de faire décapiter le même jour cent anarchistes. Bientôt l’on ne se moqua plus de ma parole, de sa légère emphase, de mes a mots un peu nobles, qui paraissaient avoir l’accent d’une province restée antique. Ceux qui avec moi discutaient acceptèrent en ré-’ ponse mes arguments somptueux, mes comparaisons parfois un -peu éclatantes et un peu. v 1