Page:Giraudoux - Simon le pathétique.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il

58 SINON LI PATHÉTIQUE È

avions un langage secret pour nous dire, des qu’un habitué d’âge s’égarait vers notre groupe, - sans presque remuer les lèvres, — du mal des intrus, du bien des amis. Déjà, imitant notre exemple, les vieilles dames et les vieux messieurs, réunis dans le boudoir, entendaient parler pour eux seuls du passé, et, reléguées au grand salon, les femmes mariées, divorcées, les veuves, agitant des éventails dans un air qui n’était pas lourd, baissant les paupières sur des r regards qui étaient à tous, écoutaient les · hommes gras, les hommes maigres parler du théâtre et de l’amour. Dans l’esc alier qui conduisait de Pantichambre à Pappartement, assis les uns au-dessus des autres, nous nous passions d’espiègles compliments ou d’espiègles menaces. La joie même, l’enjouement, la malice elle-même, comme le furet arrêté dans la ronde, étaient toujours cachés sous les mains de l’un a de nous. Il n’y aura plus derampes aussi gaies, aussi tendres, aussi unies. Rampe qui se dressait quand une femme allait rejoindre sestcomjpagnes définitives de vieillesse ou de purga- " toire ; à chaque pas, l’arrivante était à la hhau- j teur d’une nouvelle tête fraiche, d’une nouvelle âme obstinée ; sur chaque degré, chaque année v 1

l