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AVRIL. -^ LES ROMANS 99

très beau talent. M. Maryo Olivier nous explique, dans une préface, la portée morale de son livre : il a regardé les hommes et il s'est aperçu qu'ils n'étaient point heureux, il s'est demandé pourquoi, et il n'a pas hésité à incriminer la civilisation. Pour retrouver le bonheur dans l'humanité, il faut remonter à son âge d'or, c'est- à-dire à sa jeunesse, à une époque où tout vivait selon les lois de la nature, où les fleurs s'épanouissaient sans qu'une main impie osât les tuer en les séparant de leurs tiges, où les humains étaient si riches de biens qu'ils dédaignaient l'or; où enfm, où surtout, les hommes et les femmes, gi'âce à leur sublime ignorance, donnaient à l'amour son véritable sens et ne voyaient en lui que la plus géniale des ruses de la nature qui veut seule- ment se perpétuer et qui réprouve toutes ces joies et toutes ces douleurs sans but, inventées par les amou- reux civilisés.

La thèse n'est pas nouvelle; elle ne fut jamais plus actuelle qu'en notre temps de stérilité, et puis, M. Ma- ryo Olivier l'a développée en un livre si vivant, si mouvementé, si simplement persuasif ! C'est l'histoire de Denise Dalziel, qui aime successivement deux hommes, deux frères : Max et Walter Stoll, amie du premier, femme du second, et qui après des péripéties tout à fait émouvantes et dramatiques, trouve le bonheur, le calme, la paix, dans une triple maternité; alors, elle est sauvée: les tentations d'autrefois peuvent revenir, elle ne craint plus rien; tendrement, elle dit à son mari inquiet, en lui montrant ses trois petits enfants qui dorment paisiblement : « Ne m'as-tu pas donné la plus imposante des gardes? »