Page:Glaser - Le Mouvement littéraire 1912.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

122 LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE

aime les lettres et qui les sert avec beaucoup de talent, qui a le culte fervent de Tart et qui le défend avec pas- sion; — aussi est-il sévère pour les « beaux-arts » de notre régime.

Il faut lire ce livre où il a réuni les travaux publiés par lui soit comme rapporteur, soit comme publiciste, sur le sort des arts dans notre République. C'est plutôt attristant, je vous assure.

Avant d'étudier les questions de la Villa Médicis, de l'Ecole des beaux-arts, de l'art décoratif, des théâtres subventionnés, des commandes de l'État, des musées, des palais, du mobilier national, où, dans tant de cir- constances, apparaissent l'incompétence des beaux- arts, les vices de leur organisation, il a, en guise de pré- face, exposé la leçon de la Joconde, et c'est, rédigé avec infiniment d'esprit, en une langue excellente, un véritable réquisitoire contre les beaux-arts, non pas contre les hommes qui les dirigent, car M. Paul Bon- cour est ennemi des querelles personnelles, et au demeurant il a beaucoup d'estime et de sympathie pour la plupart de ces messieurs, mais contre l'institu- tion elle-même, contre la façon dont elle est comprise et organisée; cette institution qui a, ou devrait avoir, la charge d'embellir et d'orner nos voies publiques, ornées et embellies, à grands renforts de millions, des horreurs que l'on sait; qui a le devoir de garder nos trésors et qui laisse filer la Joconde du Louvre après avoir laissé partir tant d'autres choses de tant d'autres musées nationaux; à qui la séparation a remis la garde de nos églises et de leurs trésors dispersés aujourd'hui chez tant de receleurs...

Quoique je sois beaucoup moins au courant de ces questions que M. Paul Boncour, je ne suis pas très sûr que la création, suggérée par lui, d'un ministère des beaux-arts soit un remède efficace à tant de maux, mais je suis certain qu'on lira avec infiniment de profit et d'intérêt son étude si captivante où l'on pourra